jeudi 10 mai 2012

Agir et réagir

 


Valérie Lecler est auxiliaire de puériculture, elle est également la maman de deux jeunes majeurs et l'auteur d'un livre à paraître "Les portes de la vie". Elle livre ici son témoignage de professionnelle sur l'adolescence.

Texte de Valérie Lecler : valerielecler.myspace.com

De nos jours, à quel âge peut-on parler d'adolescence et de tout ce qu'elle englobe ? Depuis 25 ans, l’Éducation Nationale ainsi que l'éducation parentale ont bien changé. Les mœurs et les valeurs ne sont plus les mêmes. Cette évolution a engendré des changements fondamentaux à plusieurs niveaux.

Au niveau de l’Éducation Nationale, de nouveaux projets ont été élaborés et mis en place. De ce fait, par exemple, le "Bac Pro" permet aux jeunes de choisir une spécialisation. Encore faut-il que leur choix soit bien adapté. Les interrogations au sujet de leur orientation professionnelle, de leur vie future, leur sont adressées vers l'âge de treize ans. Je trouve cela un peu précoce pour décider de son avenir. L'adolescent a souvent peur (beaucoup d'oraux a passer notamment). Comment est-il guidé, aidé pour acquérir la confiance dont il a tant besoin ?

Dans les foyers, les Maisons d’accueils, les éducateurs spécialisés obtiennent des jeunes la volonté d'avancer mais les débouchés restent restreintes. Ceci étant, la plupart du temps, ce sont des "enfants-ados" qui ne se sont pas forcément construits dans de bonnes conditions et la dyade mère-enfant ou la triade père-mère-enfant sont souvent inexistantes.

Vers l'âge de trois ans, l'enfant détient son propre ORDRE (ses jouets par exemple) alors que les parents leur demande de ne rien laisser traîner. Vers l'âge de treize ans, le pré-ado se rebelle et refuse que lui soit proposé ou imposé un rangement. Il reste impassible devant les remontrances, les "ordres de".

Je pense qu'il faut être à l'écoute, rester des parents responsables sans être intrusifs mais en surveillant les fréquentations car ils restent influençables. Cette vigilance n'est toutefois par toujours suffisante. Ouvrir la porte de la maison familiale aux amis est une possibilité. En tant que professionnelle, j'ai constaté que des effort ont été faits par des équipes spécialisées et pluridisciplinaires pour accompagner ce moment délicat. Malheureusement, la demande dépasse l'offre et tous ne peuvent en bénéficier.

En tant qu' éducatrice de jeunes enfants, je suis spécialisée dans la petite enfance, de la naissance à sept ans. Avec l'expérience, mes diverses rencontres, mon rôle en tant que parent d'élève du primaire au secondaire, maman de deux jeunes majeurs, je reste perplexe face à ce qu'on demande aux adolescents. Les réponses ne se trouvent pas dans les livres, juste un peu de théorie mais chaque "cas" est particulier. On demande à l'ado, pas toujours à l'aise ni dans son corps, ni en groupe beaucoup d'affirmation. La plupart sont pourtant très réservés.


Dans cette recherche d'affirmation, l'adolescent se rebelle et c'est souvent la mère qui tient le rôle du souffre-douleur. Il faut alors essayer d'établir une discussion, un échange même furtif. Il s'agit de trouver le BON MOMENT mais c'est l'ado qui en décidera. A nous parents de saisir malgré les contraintes professionnelles et ménagères ce moment précieux.

Chaque être est différent, un individu à part entière, de la naissance à la mort. L'enfant qu'on met au monde n'est pas un objet stéréotypé, c'est un être qui pense, agit, réagit, répond en fonction de la façon dont il se construit. La première séparation d'avec la mère est très importante et marque l'histoire de l'enfant.

Face aux mutations des adolescents, l'approche du ou des parents doit être adaptée. Rôle difficile, rude tâche pour la plupart car il n'existe pas de solutions magiques et il faut rester patients. L'observation est primordiale, il s'agit à la fois de savoir "laisser-aller" tout en imposant des limites car l'adolescent en a besoin pour grandir.

Restons confiants car nos "enfants-ados" ont, à cette période, autant besoin de nous que lorsqu'ils étaient nourrissons. Ils ont besoin d'être rassurés, aimés, nourris... Ils nous le disent avec leur langage. Il revient aux parents de savoir AGIR et RÉAGIR.

Ne camouflons pas non plus les situations de parents maltraités verbalement et physiquement car cela existe. Il ne faut pas hésiter dans ce cas à appeler SOS parents maltraités.


A lire :
La vie en désordre, M.Rufo
Une éducation qui commence avant la naissance, O.M.Aïnahov
Votre enfant a confiance en lui, A. Bacus
Tout se joue avant 6 ans, Dodson


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